À la rentrée 2024, plus de 99% des élèves de CP ont participé aux évaluations nationales en français et en mathématiques, offrant une vision complète des acquis des élèves à ce niveau crucial de leur scolarité. Selon la récente note d’information publiée par la DEPP (Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance), les résultats montrent une stabilité globale par rapport à 2023, avec quelques améliorations ciblées.
Un bilan contrasté des compétences en français et mathématiques
Les résultats de 2024 révèlent que deux compétences en français et une en mathématiques sont en hausse par rapport à l’année précédente, tandis que les autres demeurent stables. Cette continuité est rassurante après les perturbations dues à la crise sanitaire qui avaient affecté les apprentissages ces dernières années.
En comparaison avec 2019, année de référence pré-pandémique, on observe même une légère progression, particulièrement en mathématiques. Cette évolution positive témoigne d’une résilience du système éducatif et d’une certaine efficacité des dispositifs d’accompagnement mis en place.
Les compétences les mieux maîtrisées par les élèves de CP restent la compréhension orale de phrases et de textes en français. Cette force dans le domaine de l’écoute et de la compréhension constitue un socle solide pour les apprentissages ultérieurs en lecture.
En mathématiques, les élèves excellent particulièrement dans la lecture et l’écriture de nombres entiers, démontrant une bonne acquisition des fondamentaux numériques en début de CP.
Des points de vigilance persistants
Malgré ces résultats encourageants, certaines compétences continuent de poser des difficultés aux élèves. La reconnaissance des différentes écritures d’une lettre et la compréhension de mots à l’oral restent des points de vigilance en français. Ces difficultés soulignent l’importance d’un travail approfondi sur la conscience phonologique et la diversité des représentations graphiques des lettres dès le début du CP.
En mathématiques, la résolution de problèmes demeure la compétence la moins bien maîtrisée. Ce constat invite à renforcer les approches pédagogiques autour de la modélisation des situations-problèmes et du raisonnement logique.
Évolution des écarts entre éducation prioritaire et hors éducation prioritaire
Un aspect particulièrement intéressant de cette évaluation concerne l’évolution des écarts de performance entre les élèves scolarisés dans le secteur public hors éducation prioritaire (HEP) et ceux en éducation prioritaire (EP).
Entre 2023 et 2024, ces écarts sont globalement stables ou en diminution, ce qui marque un retour à des niveaux comparables à ceux de 2019 pour la plupart des compétences. Cette tendance est encourageante et pourrait refléter l’efficacité des dispositifs de soutien mis en place dans les établissements d’éducation prioritaire.
Des progrès notables sont observés en mathématiques, où les écarts pour la comparaison de nombres et la résolution de problèmes sont désormais inférieurs à ceux constatés en 2019. Cette réduction des inégalités dans des compétences mathématiques fondamentales pourrait être le fruit d’actions pédagogiques ciblées et d’une attention particulière portée à ces domaines en EP.
En revanche, l’écart en compréhension de phrases à l’oral en français est supérieur à celui de 2019, ce qui constitue un signal préoccupant. Cette augmentation pourrait révéler des inégalités persistantes d’exposition au langage et à la lecture selon les milieux sociaux, soulignant la nécessité de renforcer les actions en faveur du développement du langage oral dans les contextes d’éducation prioritaire.
Une analyse par niveau scolaire
Si les résultats des élèves de CP montrent une stabilité globale, l’étude complète de la DEPP révèle des situations contrastées selon les niveaux scolaires.
En CE1, on observe une amélioration des résultats globaux et une réduction significative des écarts en mathématiques pour plusieurs compétences, témoignant peut-être d’un effet positif des actions engagées en CP l’année précédente.
Les élèves de CE2 présentent des écarts persistants entre EP et HEP, avec des difficultés particulièrement marquées en grammaire et en calcul posé. Ces domaines nécessitent vraisemblablement une attention pédagogique renforcée.
En CM1, une légère progression est observée en mathématiques, tandis que les écarts entre EP et HEP restent stables, suggérant un effet plateau dans la réduction des inégalités à ce niveau.
Enfin, en CM2, les écarts entre EP et HEP demeurent significatifs, notamment en automatisation du calcul et en maîtrise grammaticale, compétences complexes qui cristallisent les différences d’acquis accumulées tout au long de la scolarité primaire.
Perspectives et enjeux pour l’avenir
Ces évaluations Repères 2024 permettent d’identifier avec précision les forces et les faiblesses des élèves en début d’année scolaire, offrant ainsi aux enseignants des données précieuses pour adapter leur pédagogie aux besoins spécifiques de chaque élève.
La stabilité globale des résultats et le retour progressif aux niveaux de 2019 constituent des signaux positifs après une période difficile. Toutefois, la persistance de certains écarts, voire leur augmentation dans quelques domaines, rappelle la nécessité de poursuivre et d’intensifier les efforts en matière d’accompagnement pédagogique différencié.
Les prochaines années devront être consacrées à consolider les progrès réalisés en mathématiques et à réduire les écarts qui persistent en français, notamment en compréhension orale, domaine fondamental pour tous les apprentissages ultérieurs.
L’enjeu majeur reste celui de l’équité : permettre à tous les élèves, quels que soient leur origine sociale et leur lieu de scolarisation, d’acquérir les compétences fondamentales qui conditionneront leur réussite scolaire future.
Source : Laetitia Evrard, Stéphanie Le Breton, 2025, « Évaluations Repères 2024 de début de CP : des résultats en français et en mathématiques comparables à ceux de 2023 et en légère hausse par rapport à 2019 », Note d’Information, n° 25-15, DEPP. https://doi.org/10.48464/ni-25-15
Décret n° 2015-372 du 31 mars 2015